Que veut dire "être en situation d'illettrisme" ?

L'Agence Nationale de Lutte contre l'Illettrisme applique ce terme à des personnes qui ont été scolarisées en France au moins 6 ans, mais qui se retrouvent à l'âge adulte handicapées dans leur vie personnelle et professionnelle par un manque de maîtrise des compétences de base en lecture, écriture, calcul.
Le manque de maîtrise de l'outil informatique peut se rajouter à cette définition puisque l'ANLCI considère que "l'illectronisme" est aussi une forme d'illettrisme, avec des répercussions sur la vie quotidienne tout aussi importantes.

Comment expliquer que des personnes qui ont été scolarisées au moins 6 ans se retrouvent en situation d'illettrisme ?

Les témoignages des personnes que nous suivons, les contacts que nous avons avec d'autres organismes nous montrent que les causes de l'illettrisme sont très diverses.
Il peut s'agir d'une scolarité très mal vécue pour des raisons familiales, psychologiques, sociales, médicales, ou de troubles - tels que la dyslexie - non diagnostiqués.
Il peut également s'agir d'une situation professionnelle où l'on n'a jamais besoin de lire ou d'écrire. Si elles ne sont pas entretenues, toutes ces compétences peuvent s'effriter au fil du temps.




Qui sont les personnes qui vous contactent pour une prise en charge ?

Dans les première années, il s'agissait surtout de personnes très bien intégrées, en situation d'emploi qui avaient réussi à "cacher" leur illettrisme dans leur vie professionnelle . Mais qui, arrivées à la cinquantaine, éprouvaient le besoin de gagner leur autonomie, souvent en raison du départ des enfants.
Avec le développement de nos partenariats avec des professionnels (services et associations d'accompagnement vers l'emploi, travailleur sociaux), la majorité des personnes que nous suivons sont titulaires du RSA et en recherche d'emploi.

Quel est le taux de réussite des accompagnements ?

Le fait même d'affronter son illettrisme, de décider de prendre les moyens d'en sortir est en soi une victoire considérable. Se rendre compte que l'on est capable de ré-apprendre crée un cercle vertueux : plus on prend confiance en soi mieux on apprend et plus on a envie d'apprendre. 
Bien sûr toutes les personnes accompagnées ne deviendront pas de grands lecteurs ou des écrivains, mais elles pourront mieux se débrouiller seules, et, surtout, la confiance en elles-mêmes leur permettra de mieux s'engager dans leur vie de parent et de citoyen, sans parler des répercussions positives sur leur vie professionnelle.